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L'attaque.
 « Un cerf bien attaqué est un cerf pris »: ce dicton appelle des réserves, 
mais une attaque précise et rapide épargne aux cavaliers l'ennui de l'attente et 
améliore les chances de prise.
Nous allons envisager successivement les cas élémentaires qui peuvent se 
présenter.
1_ Un renseignement frais donne un cerf par corps dans une enceinte voisine. 
On peut alors découpler de meute à mort presque à vue. L'attaque est immédiate 
et oblige le cerf lancé à prendre parti - probabilité de chasse rapide et sans 
défauts, le cerf surpris manquant de marge pour ruser. Mais ce cas « limite » 
participe d'une chance fortuite sur laquelle il ne faut pas compter.
2_ L'un des valets de limier rapporte qu'il a brisé une voie chaude de cerf, 
seul, qu'enveloppant l'enceinte il ne voit - et son chien ne lui donne - aucune 
voie sortante. Il est probable, comme nous l'avons dit, que le cerf est resté 
dans l'enceinte à la reposée, toujours seul.
On placera la meute (les hardes) en un carrefour raisonné, et si possible 
sous le vent de la refuite, les cavaliers se disposeront autour de l'enceinte 
d'attaque, en observation silencieuse, pour ne pas empêcher le cerf de sauter, 
puis on découplera à la brisée (on dit parfois frapper aux branches) quelques 
chiens nommés rapprocheurs, quatre, six ou huit.
Les rapprocheurs sont des chiens vieillis, calmes, mais de fin nez et 
capables de redresser une voie haute de plusieurs heures. Le piqueur qui donne à 
courre les accompagne dans l'enceinte en encourageant leur quête (Ça rapproche 
!) et en sonnant des tons de quête. Ces rapprocheurs redresseront laborieusement 
la voie du cerf et, si effectivement il n'a pas vidé l'enceinte, le mettront 
debout de surprise, le lanceront d'effroi. Si l'enceinte est vaste, le cerf y 
travaillera d'abord plus ou moins longtemps, mais finira par franchir une des 
allées qui la délimitent. Les veneurs en observation devront aussitôt juger, si 
faire se peut, la tête de l'animal, accourir au galop, sonner la vue, sonner la 
tête et fouailler fermement, mais sans brutalité, pour arrêter les rapprocheurs 
(Arrête! Arrête!). Les chiens, au fait de leur tâche, mettront bas sagement. On 
sonnera des appels aux hardes. On peut aussi sonner le bel « Appel fanfaré des 
 maitres », suivi de sa « Réponse ». Si la meute est hors de portée de son de 
trompe, un cavalier ira l'alerter au galop. Il faut faire vite, quoiqu'il n'y 
ait guère à craindre une grande refuite du cerf, qui, après sa première surprise 
et n'entendant plus les chiens, n'ira pas loin, le risque est qu'il recherche le 
change.
La meute arrive, en général trente-six ou quarante chiens, tenus par trois 
ou quatre valets de chiens à pied, par harde de douze ou dix. C'est alors le 
découplé. Les traits sont rapidement noués à des baliveaux. Les valets de chiens 
découplent les chiens pendant que le premier piqueur, cape à la main, s'avance 
sur la voie, sous bois. (Eviter le découplé en plaine: le sentiment de la voie 
y est dilué.)
Le risque, au découplé, est qu'une partie de la meute (la jeunesse) prenne 
le contre au lieu du droit, il est donc important que le piqueur appelle les 
chiens le long de la voie fuyante.
 
 On sonnera le Lancé et la fanfare de l'équipage.
Le découplé constitue un bel épisode d'une chasse à courre, animé par 
l'ardeur des chiens frais, leurs récris quand ils empaument la voie, les 
fanfares, le plaisir des hommes auquel s'ajoute l'impatience des chevaux.
3_ Le meilleur rapport de valet de limier donne une harde avec un ou deux 
cerfs à tête ou courables, et des biches.
Ici, c'est toute la compagnie qui sera mise sur pied et se fera chasser par 
les rapprocheurs, avant que se déharde un cerf. Une observation attentive est 
nécessaire. Si, par chance, le meilleur cerf se déharde, emmenant les 
rapprocheurs, il faut dès que possible procéder comme ci-dessus, après avoir 
laissé le cerf échauffer sa voie et surtout s'éloigner de la compagnie. Si les 
rapprocheurs déhardent plusieurs cerfs et laissent les biches dans l'enceinte, 
on peut soit découpler sur les cerfs ensemble, soit au contraire attendre qu'il 
n'y ait plus qu'un seul cerf devant les rapprocheurs. C'est une question de 
circonstances, d'heure, de saison, de coutume ou de tempérament. Si les 
rapprocheurs se divisent, il est bon de tout arrêter - quand on le peut -, de 
confronter les renseignements et de découpler sur le plus beau cerf.
4_ Au cas où le rapport est maigre ou nul, et qu'on peut seulement 
conjecturer, de façon imprécise, la présence d'animaux dans une enceinte, on 
peut fouler à la billebaude, avec une vingtaine de chiens, pour faire paraître 
ou faire bondir. Le risque est de mettre tout le change sur pied et de voir en 
fin de saison les chiens harpailler des biches. Cela arrive dans les forêts 
vives en animaux. On s'efforcera de fixer une chasse en ralliant sur le gros des 
chiens, ce qui constitue une règle de vènerie stricte. La notion sportive de 
trophée peut cependant apporter une atténuation exceptionnelle à cette règle, 
si, à l'attaque ou tout au début d'une chasse, un lot de chiens, quoique le 
moins nombreux, chasse un très beau cerf, et les autres un animal médiocre, on 
ralliera tout sur le grand cerf.
La difficulté, nous venons de le dire, sera d'arriver à s'entendre sur un 
cerf de meute défini et à maintenir sa voie. Si l'un des cerfs chassés prend 
parti et semble vouloir fuir loin et seul, s'éloignant des enceintes peuplées, 
c'est cette chasse-là qu'il faudra appuyer.
En règle générale, lorsque de nombreux animaux sont réunis et qu'on en a 
connaissance, il vaut mieux attaquer dans le vif des animaux pour arriver à en 
déharder un que sa refuite éloigne du change.